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Retrouvailles

Après une assez longue et forte étouffante période d'inactivité, nous sommes enfin au point de nous dépêtrer de cette infecte bourbe où on s'est retrouvé dès la mort de ma mère. De retour sur Stella pour se recueillir un peu, on arrive encore à sortir du ce sourd silence qui nous avait tant pesé au long des derniers mois. Enfin, on y peut reprendre haleine. On respire à grandes bouffées de cet air de la liberté évacuant les noires fumées du passé. Là, on peut se retourner vers un possible futur. Un avenir où l'âme amochée pourra de nouveau se faire ravitailler dans la liberté dont Dieu nous avait fait son plus précieux don pour que nous guérissent des déchirures que nous ayons souffert où que ce soit.

Peut-être, étonnerez-vous de ce que nous avons mis de photos de l'enduro du Touquet dans notre blog. Non, la moto, ça ce n'est pas notre truc. Moins encore, l'enduro, on ne le connaissait pas avant que l'on n'eût ce refuge sur la côte opale. Assister à une telle épreuve était hors question. Nous aurions jamais eu ni aucune fascination ni aucun intérêt à cet égard. Quand même, l'immédiat d'une telle expérience révélera tout à fait un aspect depuis longtemps négligé, voire refoulé, du côté de l'Église, un aspect communautaire, c'est à dire : la communion.

Après que nous avions abandonné la théologie, on s'est assez longtemps abstenu de la liturgie. Je vais y revenir aux moult raisons que nous y auraient amené à un autre endroit. Quoi qu'il en soit, suite à la mort de ma mère, on n'avait pas dû faire autrement que encore bénéficier de ce spectacle liturgique que l'on avait autrefois tant vénéré. Donc, jamais aurions-nous eu cru où en était l'Église. Une Église en pleine décrépitude au seuil de l'éclipse même. Une sourde audience dont la vie faille échapper. Une prêtrise immobilisée dans le mutisme, bourrée de complexes. Des prêtres, des communes, une église à l'abandon. Bref, on a vécu une église dans la pleine incapacité de vivre la communion dans l'amour de Dieu. Une Église prise dans un spasme entre modernisme et réaction. Un spasme dont les convulsions la font paralyser. Une Église qui eût perdu son équilibre, son éternel repère. Un magistère désorienté, perclus. Un magistère muet face au modernisme. Face au modernisme elle ne comprend plus ce monde. Elle ne comprendra plus la création de Dieu. N'écoute plus de son éternel verbe dont elle est le dépositaire. Ne reconnaît plus son amour. Un magistère qui avait perdu sa langue. La langue de l'amour. La mystique. L'étonnement d'antan. Ce thaumatso de l'origine dont naquit tous. Tout art. Toute science. La vie.

L'amour, la vie donc, c'est ailleurs. Ce thauma, le prodige devant lequel l'homme reste bouche bée tel l'enfant face à l'arbre de Noël. Un prodige, donc, qui nous transmet l'expérience d'un réel qui n'appartient pas à l'aperçu de notre réalité. Alors, le thauma n'appartient point au monde. Le frisson que l'on éprouve quand on touche à l'infini. Après tous, cet originaire thaumatso de l'homme n'évoquera que l'expression de la virtualité de tout ce qu'il puisse enfin produire. C'est l'immédiat époustouflant d'un sentiment à lui. Un sentiment qui se ne révélera jamais à fond aux yeux de l'homme. Un sentiment que l'homme n'arrivera jamais à transmettre. Que l'on ne médiatisera jamais. Le thauma ainsi que l'étonnement appartient aux prémices de ce monde. Plutôt aux préliminaires de ce monde qu'à la création. Au monde pré-artistique tels qu'il le fait réapparaître le prestidigitateur, l'artiste du cirque où même le clown. Cependant, ce thauma, bien qu'il nous eût relayé le vrai de notre réel, s'évanouira dès le moment même où l'homme s'en rend compte de ses sentiments. Donc, compte rendu du caractère éphémère de tout sentiment flétrissant lors de son épanouissement, l'homme cherche à le refaire. Le récréer. Réaliser sa réalité. Là, l'homme se heurte au fait. C'est l'étonnement de son existence. Par conséquent, tout deviendra médiat dès ce moment. L'art, la science ainsi que la religion. La création même.

Quand même, lors de l'Enduro nous avons tout à fait ressenti cet immédiat que l'on croyait perdu à jamais. Au milieu de la foule d'adeptes à la moto, on a retrouvé de cet originel étonnement. À travers de cette houle, on a ressenti vibrer la vie telle qu'elle. Par-delà de cette joyeuse vague d'hommes qui se déferlait aux dunes, à la digue, aux sables, se fit apparaître la vie. En fait, une vie dans la plénitude de l'amour du Christ. Un amour que l'on ne retrouvera pas ailleurs que parmi ceux auxquels le Christ avait une fois adressé la parole de son éternel réconfort. C'est parmi les hommes que l'on doit chercher le Christ vivant. Faut donc, que l'Église lâche la crainte, qu'elle relâche la peur, qu'elle reprenne sa force, qu'elle aie encore confiance dans la providence du bon Dieu afin que l'Église puisse encore témoigner de nouveau en toute liberté de l'éternel amour du Christ dont l'amour duquel elle n'est pas seulement le dépositaire mais dont elle est de plus le vrai corps visible dans ce monde. Plongeons donc dans la vie. Démontrons aux hommes l'endroit même où on peut trouver l'amour du Christ. Apportons leur les rayons de l'amour du Christ jaillissant de la messe là où l'homme ne les aperçoit plus. Ne faisons plus réfracter les rayons de l'amour en dénaturant le réel de cet amour. N'arrachons plus aux hommes la lumière de la liberté dont déborde l'amour du Christ. Ne faisons plus ternir le brillant de la foi. Emmenons les hommes là où ils n'osent plus aller pour qu'ils reviendront aux églises. L’église doit enfin sortir de son attrition, de la fausse contrition, ce feint repentir qui ne fût point née que de la peur. Il faut que l'Église rouvre le mystère du Corps du Christ aux hommes. Que le christianisme aille aux retrouvailles de la communion, puisque c'est l'Église qui soit son précieux corps visible dans ce monde.

© André & Frank Hagemann - Villa-Anemone.fr 2012