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La Mort
Rupture Créatrice

L'apocalypse, c'est l'un des livres les plus énigmatique de la Bible. Et, c'est aussi le livre le plus méconnu dont la réception à travers la littérature et les arts aurait plutôt fait relevé l'aspect sombre, l'obscurité symbolique et, en particulier, son ésotérisme mystique que l'on a du mal à appréhender loin d'être à mesure de le comprendre. On se peine à faire déchiffrer les symboles, on s'efforce à interpréter le sens caché derrière une mystique bouleversante qui nous ébranle dans notre for intérieur. C'est, après tout un texte qui nous tranche vif dans la chair et fait ébouler les murailles de notre défense contre le réel inéluctable de nos vies : la mort. Nos imaginations qui nous concevons pour ce monde que nous ne comprenons point, les images pittoresques que l'on se fait à partir de la religion pour éviter la confrontation avec la réalité de ce monde, les faibles conceptions philosophiques que nous consignons pour faire amortir enfin l'effet du choc de cet événement ultime que chacun de nous doit affronter à la fin de nos jours. Ainsi, nous tentons à faire bercer nos craintes, nos appréhensions, nos inquiétudes et doutes, bref, toute notre peur à l'aide d'un faux-fuyant à travers la religion dont les idées radicales nous n'osons qu'à faire adopter qu'à partie sinon que l'on ne les refuse tout à fait. Mais, la mort nous rappelle brusquement que personne n'échappe à la réalité de ce monde si cruel qu'elle soit. Les images kitsch, l'art commercialisé, la folklore prétendant un monde que l'on veut paisible, placide et pacifiste. La monétisation de nos valeurs par ce capitalisme déraillé que l'on voit s'emparer de tout. Tel un cancer, il abîme les âmes. La commercialisation de la culture, c'est la vendre à l'enchère. Ainsi la culture populaire de nos jours n'est enfin rien d'autre qu'une culture qui ne sert que de subterfuge pour abuser nos vanités. Pire encore, elle supprime la raison qui finit par fléchir aux illusions. C'est une fuite fatale qui amène à la soumission de l'homme aux prétendues lois du marché qui rassemblent de plus en plus à des lois absolues d'une fausse religion. De telle sorte l'homme qui vient de sortir des ténèbres retombe dans le néant. Les arts qui viennent s'émanciper de la tutelle de la religion. Enfin, le peuple qui s'est débarrassé des chaînes d'esclavage de sorte de sortir hors de l’état de minorité dont il est lui-même responsable se soumis de nouveau en succombant aux tentations du capitalisme qui leur promis du bonheur et de la fortune. L'argent semble réparer tout défaut. Aujourd'hui, on vénère le capitalisme. La liberté est réduit à la libre consommation. Le capitalisme, c'est la Panacée à tout mal. Les ouailles retournent donc aux marmites d'Égypte qui font oublier l'origine faille : la mort. La mort qui dévorera tous. L'homme sombrera dans ce gouffre béant qui est la mort. Tout le monde y coulera dans la noirceur d'une déchirure qui nous tous cherchons à nier. Cependant, tous efforts seront vains. Toutes nos actions sont, après tout, futile La mort aussi définitive qu'elle paresse, c'est, quand même, un ultime horizon. Un horizon qui élucide notre destinée dans l'obscurité de ce monde. Un horizon à travers duquel la mort nous emmène là où la raison se heurte à une réalité qu'elle ne parviendra jamais à expliquer. La mort, c'est la déchirure définitive que l'on ne peut pas nier, ni cacher ou dissimuler. Une faille qui met fin à nos ambitions. On ne peut refouler la réalité de la mort. On n'arrive pas à s'en débarrasser. L'abnégation de la mort, c'est la négation de la vie. L'énigme de la vie s'est fait éclaircir par la mort. Sans la mort, il n'y aurait point la compréhension. La mort, c'est l'horizon sous lequel l'homme puisse concevoir son destin. Enfin, la mort est la source de toute compréhension. L'appréhension du réel de notre monde, la connaissance du Moi en rejaillit. De là résulte cette divergence constructrice que l'on puisse appeler la tension virulente qu'il faut endurer de sorte de procéder à la liberté indispensable pour toute action créative de l'homme. La compréhension entre deux personnes, toute appréhension de ce monde, la conception de ce qui nous sommes, ne s'effectue que dans une intuition congéniale. Une intuition qui s'accumule en un seul point sans étendue, ni espace tel que les mathématiciens le définissent. Cette intuition ressort d'un exaltation congéniale surgissant de cette tension même qui existe irréfutablement dans nos vies et qu'il faut éprouver, endurer et enfin vivre afin de pouvoir s'approcher de soi-même. L'incohérence de nos vies. L'originaire déchirure dans notre conscience. L'assumer, ça veut dire sacrifier sa vie pour que l'on ait la vie en plénitude. Dans ce sacrifice, la violence et le sacré s'accorde ainsi qu'il fera résoudre la discrépance, la divergence fondamentale entre a vie et la mort. Après tout, c'est l'apocalypse qui nous ouvrira l'esprit à l'imaginaire de l'inconnu qui nous rend capable de comprendre le mystère de la mort dont nous ne devrions point avoir peur. L'apocalypse nous révèle le réel de la vie éternelle. L'apocalypse ne nous parle point de la crépuscule de la création, mais nous raconte la vérité de l'amour de Dieu qui nous délivre de nos inquiétudes, de nos crainte et de la peur de la mort. Les affres de la mort ne nous porteront plus de frayeur. Dans l'amour de Dieu, nous sommes libre à se défaire des chaînes qui nous lient aux marmites d'Égypte. Le Saint Augustin nous dit : « Aimez Dieu, et faites ce que vous voulez » Ne soyons plus timorés, osons savoir, osons la liberté en toute tranquillité puisque nous nous confions à Dieu. Nous mettons toute notre confiance dans le Dieu de l'amour et non dans le Dieu de la menace de l'Ancien Testament. Notre espérance est en Dieu ainsi que nous ne périssons jamais de sorte que tout sacrifice s'est fait enfin anéantir par moyen de l'amour de Dieu. Tout sacrifice est aboli par le sacrifice d'amour. La charité abroge la loi de la haine qui nécessite l'holocauste. Dès lors, il ne nous incombe qu'à vivre dans son éternelle amour pour aller aux retrouvailles de nos âmes. Ainsi, nous retrouverons d'abord le respect de nous-même, de la création, de nos proches de même qu'en s'ensuit toute confidence en soi, toute conscience en soi, toute auto-conscience aussi bien que la connaissance des choses. Nous pouvons vivre en toute liberté si seulement nous persisterons dans l'amour du Christ qui perpétue son sacrifice cruenté de façon non sanglante auprès du Père pour opérer le salut de ce monde. Ici retombe tout en un seul point franchissant le seuil du temps. Pour ainsi dire tout y coïncide en ce point de compréhension totale. Telle une implosion, les horizons qui nous séparent l'un de l'autre s'y confondent en un seul point noir pour ensuite exploser en lumières dont la vague nous porte à la compréhension ainsi qu'à la fin c'est la mort qui nous éclaircit la vie. Violence et sacré, vie et mort, néant et création tout y converge dans ce sacrifice ultime d'amour du Christ. C'est ainsi que l'artiste eut la conception de son œuvre. C'est par là que nous puissions connaître et concevoir notre monde. De telle sorte on peut s'entendre en nous arriverons à nous comprendre l'un l'autre par l'amour du proche. Heidegger décrit la compréhension comme une fusion d'horizons. Il dit que nous tous étaient dès la naissance lancés vers la mort. Enfin, on puisse dire que par conséquence, toute compréhension s'effectuera à partir de cet événement définitif qui constitue notre vie. Schleiermacher qui d'abord croyait qu'une compréhension commune entre nous fût possible, se fût ravisé ensuite quand il prétend que une éventuelle compréhension ne s'effectuerait qu'en un moment spontané à travers d'une exaltation congéniale. Après tout, chacun doit prendre position face à la mort. Toute philosophie, tous arts, toute expression de l'homme dépende de cette prise de position. De là le monde s'explique. L'auteur de l'apocalypse cherche à nous ouvrir les yeux pour le réel de l'éternel amour de Dieu. L'apocalypse nous ramène plus loin dans l'imaginaire de l'inconnu de cet amour que Dieu nous porte par Jésus le Christ. L'apocalypse nous révèle le réel de la promesse que Dieu à d'abord donné à Noé. Quand même, la mort reste l'indéchiffrable énigme devant laquelle nous demeurons bouche bée. Là nous sentons cet originel étonnement, l'ébahissement initial d'où rejaillit toute science, tout art. C'est le saisissement qui nous rend capable de saisir notre monde. Assumer la violence de nos vies, accepter la mortalité tel un sacrifice fait naître la connaissance du Moi, la connaissance de soi-même autant qu'il fait surgir l'amour du proche, la charité.

© André & Frank Hagemann - Villa-Anemone.fr 2012