PICT0033 Kopie
La Mort d'Agrippine

La Mort d’Agrippine


Tragédie
Par Mr

De Cyrano Bergerac

 


Acteurs :

Tibère, Empereur de Rome.

Sejanus, Favori de Tibère.

Nerva, Sénateur, confident de l’Empereur.

Terentius, confident de Sejanus.

Agrippine, Veuve de Germanicus.

Cornélie, sa confidente.

Livilla, sœur de Germanicus et Bru de l’Empereur.

Furnie, sa confidente.

Troupe de Gardes.

La Scène est à Rome dans une Salle du Palais de Tibère.

 


Acte I

Scène première.


Agrippine, Cornelie.

Agrippine.

Et je vais retracer le tableau de sa gloire,

Mais feins encor après d’ignorer son histoire,

Et pour me rendre heureuse une seconde fois,

Presse moi de nouveau de conter ses exploits.

Il doit être en ma bouche aussi bien qu’en mon âme,

Pour devoir chaque instant un triomphe à sa femme,

Mais ne te fais-je point de discours superflus,

Je t’en parle sans cesse.

Cornelie.

Il ne m’en souvient plus.

Et j’attends…

Agrippine.

Apprends donc comme ce jeune Alcide,

Fut des géants du Rhin le superbe homicide,

Et comme à ses côtés faisant marcher le mort,

Il échauffa de sang les rivières du Nord,

Mais pour voir les dangers où dans cette conquête,

La grandeur de son âme abandonna sa reste,

Pour voir ce que son nom en emprunta d’éclat,

Ecoute le récit de son dernier combat.

Déjà notre Aigle en l’air balançait le tonnerre,

Dont il devait brûler la majorité de la terre,

Quand on vint rapporter au grand Germanicus,

Qu’on voyait l’Allemand sous de vastes écus,

Marcher par un chemin couvert de nuits sans nombre,

L’éclat de notre acier en dispensera l’ombre ;

Dit-il et pour la charge, il lève le signal

Sa voix donne la vie à des corps de métal ;

Le Romain par torrents se répand dans la pleine,

Le colosse du Nord se soutient à grand peine,

Son énorme grandeur ne lui sert seulement,

Qu’à montrer à la Parque un plus grand logement ;

Et tandis qu’on heurtait ces murailles humaines,

Pour épargner le sang des légions Romaines,

Mon héros ennuyé du combat qui traînait,

Se cachait presqu’entier dans les coups qu’il donnait ;

Là des bras emportés, là des têtes brisées,

Des troupes en tombant sous d’autres combattants,

Comme su l’Univers tremblait pour ses enfants.

De leur traits assemblés l’effroyable descente

Forme entr’eux et la nue une voûte volante,

Sous qui ces Titans honteux d’un sort pareil,

Semblant vouloir cacher leur défaite au Soleil.

Germanicus y fit ce qu’un Dieu pouvait faire,

Et Mars en lui suivant crut être téméraire.

Ayant fait du Germain la sanglante moisson,

Il prit sur leur autels leurs Dieux même à rançon,

Afin qu’on sut un jour par des exploits si braves,

Qu’un Romain dans le Ciel peut avoir des esclaves.

O ! quel plaisir de voir sur des monceaux de corps,

Qui marquaient du combat les tragiques efforts,

Dans une liure d’airain la superbe victoire,

Graver Germanicus aux fastes de la gloire.

Cornelie.

Votre époux soumettant les Germains à ses lois,

Ne voulus que leur nom pour prix de ses exploits :

Agrippine.

Du couchant à l’aurore ayant porté la guerre,

Notre Héros parut aux deux bouts de la terre,

En un clin d’œil si prompte qu’on peut dire aujourd’hui

Qu’il devança le jour qui courait devant lui ;

On crût que pour défendre en tous lieux notre Empire,

Ce Jupiter sauver se voulait reproduire,

Et passant comme un trait tant de divers climats,

Que d’un degré du Pôle il ne faisait qu’un pas,

Dans ce pays brûlés où l’arène volante,

Sous la marche des siens était étincelante ;

De cadavres pourris il infecta les airs,

Il engraisse de sang leurs stériles déserts,

Afin que la moisson pouvant naître en ces plaines,

Fournît de nourriture aux légions Romains,

Que par cet aliment notre peuple orgueilleux

Suçât avec leur sang quelque amitié pour eux,

Et qu’un jour le succès d’un combat si tragique,

Pût réconcilier, l’Europe avec l’Afrique,

Enfin tout l’Univers il se serait soumis,

Mais il eut le malheur de manquer d’ennemis.

Mon cher Germanicus était donc sur la terre,

Se souverain arbitre et de paix et de guerre,

Et se trouvait si haut par dessus les humains,

Que son pied se posait sur le front des Romains,

Alors qu’en Orient terminant sa carrière,

Dans la source du jour il perdit la lumière,

Et pour un lit superbe à son dernier sommeil,

Il s’alla reposer au berceau du Soleil,

Voilà comme il vécut et je te veux encore,

Peindre dans son couchant cet astre que j’adore,

Affin que le malheur de mon illustre époux,

Par ces tristes tableaux réveille mon courroux,

Et que par les horreurs de la fin de sa vie,

Je m’excite à haïr ceux qui l’ont poursuivi.

Cornélie.

C’est accroître vos maux.

Agrippine.

Ne me refuse pas

D’écouter le récit d’un si sanglant trépas,

Où mon cœur déchire de bourreaux invisibles

En irait émouvoir les rochers insensibles.

Agrippine.

Tibère qui voyait les pleurs de l’Univers,

Conjurer mon époux de le tirer des fers,

Et qui savait assez qu’au milieu des batailles

Ses amis lui seraient de vivantes murailles ;

Comme un acier tranchant, comme un brûlant tison,

Du ciel de ses jours, il approcha Pison :

Pison part il s’avance, et dans chaque Province

Qu’il oyait retentir des armes de mon Prince,

Par des coups non sanglants, des meurtres de la voix,

Ce lâche ternissait l’éclat de ses exploits.

Mais semblable au rocher, qui battu de l’orage,

De la mer qui le bat semble être le naufrage,

Le nom de mon Héros par le choc affermi

Réfléchissait les coups dessus son ennemi.

Il arrive, et mon Prince ignorant sa malice,

D’un véritable amour payait son artifice.

Quand nous vîmes tomber ce Demi-Dieu Romain

Sous l’invisible coup d’une invisible main,

Une brûlante fièvre allume ses entrailles ;

Il contemple vivant ses propres funérailles.

Ses artères enflés d’un sang noir et pourri,

Regorgeant du poison dont son cœur est nourri :

A qui le considère, il semble que ses veines

D’une liqueur de feu sont les chaudes fontaines,

Des serpents enlacés qui rampent sur son corps,

Ou des chemins voûtés qui mènent chez les morts ;

La terre en trembla même, afin que l’on pût dire,

Que sa fièvre causait des frissons à l’Empire.

Cornélie.

Jamais la mort ne vint d’un pas si diligent.

Agrippine.

Et Pison toutefois le trouve encor trop lent,

Pour le précipiter, joignant le sortilège,

Du poison sans horreur il monte au sacrilège,

Et donne à terrasser par des charmes couverts

Le démon des Romains au démon des Enfers.

Ainsi l’Enfer, les Cieux, la Nature et l’Ennui,

Unirent leurs fureurs contre une seule vie.

Cornélie.

Ha ! ne condamnez point la lâcheté du sort !

Pour perdre un si grand homme il faut plus d’une mort.

Agrippine.

D’un rouge ténébreux sa chair ensanglantée,

Fut le triste témoins, que la Nature irritée

Produisit du poison, afin de se purger

Du crime dont à Rome on eût pu la charger.

Cornélie.

Les auteurs de sa mort méritaient ses supplices.

Agrippine.

Je saurais les punir avec leurs complices,

Pison est déjà mort, et bientôt l’Empereur

Livilla, Sejanus, sentiront ma fureur :

Ce couple criminel, qu’un adultère assemble,

S’étant joints pour le perdre expireront ensemble :

Ils suivront mon époux, ces lâches ennemis

Qui de tous mes enfants ne m’ont laissé qu’un fils.

Scène II

Sejanus, Agrippine, Cornélie.

Sejanus.

Madame, la nouvelle, en est trop assurée,

L’Empereur ce matin est sorti de Caprée,

Il marche droit à Rome accompagné des siens,

Des Soldat Allemands, et des Prétoriens :

Et l’on croit que demain, nous verrons à nos portes

Trois de ses Légions, et cinquante cohortes.

Agrippine.

C’est un sujet de joie, et non pas de malheur :

Ennuyé de l’attendre il court à son malheur,

Et n’approche de Rome en homme de courage.

Que pour nous épargner la peine du voyage ;

Vois comme aveuglement il vient chercher l’Autel,

Frappons, cette victime attend le coup mortel :

Mais gardons qu’échappant au couteau du Ministre,

Sa fuite ne devienne un présage sinistre.

Sejanus.

Sans avancer nos jours, pour avancer sa mort,

Regardons son naufrage à couvert dans le port.

Et gauchissons de sorte en montant à l’Empire

Que selon le succès nous puissions nous dédire.

L’Empereur qui connaît tous vos desseins formés,

Ignore que je trempe à ce que vous tramez ;

Il m’écrit qu’il espère, assisté de ma brigue,

Joindre avec le Sénat tout le peuple à la Ligue.

Ce trait de confiance est un gage assuré

Qu’il ne soupçonne point que j’aie conjuré :

Ainsi quoi que d’affreux son courroux entreprenne,

Je vous tiendrai toujours à couvert de sa haine :

Prononcés son arrêt irrévocablement ;


Agrippine.

Mais parmi tant d’écueils bâtons-nous lentement.

Conduis ma destinée, aussi bien la fortune,

Triomphants ou vaincus nous doit être commune :

Mais sache, si de moi tu prétends disposer,

Que le Trône est le Temple où je dois t’épouser.

Informe Livilla du retour de Tibère,

De peur que sa surprise effarouche son Père :

Moi j’irai cependant solliciter nos dieux,

Ils me doivent secours puisqu’ils sont mes Aïeux.

Scène III.

Agrippine, Cornélie.

Agrippine.

Qu’en dis-tu, Cornélie ? enfin,

Cornélie.

Enfin, Madame,

Du traître Sejanus deviendrez-vous la femme ?

Faut-il que l’assassin de votre cher époux,

Se trace par son crime un chemin jusqu’à vous ?

Que dans son meurtrier votre mari se trouve,

Et vienne se sauver dans le lit de la veuve ?

Quoi ! n’entendez-vous point le grand Germanicus,

Porté sur un monceau de cadavres vaincus,

S’écrier des Enfers : Femme ingrate et perfide ;

Tu vas joindre ma race avec mon homicide ?

Voilà comme il se peint, ce Héros outragé,

Que sa veuve en dix ans n’as pas encor vengé.

Agrippine.

Moi, de mes ennemis je deviendrais la Mère !

Moi qui les dois punir du crime de leur Père !

Rouge encor de mon sang, il viendrait l’assassin,

En qualité d’époux me présenter la main !

Donc mes fils en mes flancs ne pourraient trouver place,

Sans augmenter le nom du bourreau de ma race !

Donc avec eux naîtrait, malgré tout mon amour,

L’exécrable devoir de les priver du jour !

Donc ces infortunés, sans le pouvoir connaître,

Seraient mes ennemis avant même que d’être !

Deviendraient criminels entre les mains du sort,

Et pour avoir vécu méritaient la mort !

Du plus vil des Romains je me ferais un Maître !

Et veuve d’un Héros j’épouserais un traître !

Ha ! ne m’accuse point de tant de lâcheté,

Et pénètre un peu mieux dans mon cœur irrité ;

Vois jusqu’où doit aller le courroux d’Agrippine,

Qui oblige à flatter l’auteur de sa ruine,

Et combien il est grand, puisque pour l’occuper,

Etant ce que je suis, je m’abaisse à tromper :

Oui, j’abhorre ce monstre ; après l’avoir ravie,

Pour le tuer encor je lui rendrais la vie,

Et je viendrais qu’il pût, sans tout à fait périr,

Et sans cesse renaître, et sans cesse mourir.

Mais, hélas ! je ne puis me venger de Tibère,

Que par la seule main de mon lâche adversaire :

Car Sejanus vainqueur lui percera le flanc ;

Ou Sejanus vaincu payera de son sang ;

Si Tibère y demeure, alors je suis vengée ;

Si contre Sejanus la fortune est rangée,

Je verrai satisfaite entrer au moment

De mon époux meurtri le premier instrument.

Mais Livilla paraît, j’évite sa présence,

Elle hait ma rencontre, et la sienne m’offense.

Scène IV.

Livilla, Sejanus, Terentius.

Livilla.

J’ai beau voir en triomphe un empereur romain,

S’avancer contre nous le tonnerre à la main,

Ce n’est pas l’ennemi que je crains davantage.

Sejanus.

Ha dites-moi son nom, cette longueur m’outrage,

Vous le plaindrez plutôt que vous ne le craindrez,

Et j’attends, pour agir, ce que vous résoudrez.

Livilla.

Ecoute ! Auparavant qu’un refus m’ait blessée,

Su tout ce que tu crains applique ta pensée,

Propose-toi le fer, la flamme et le poson,

Fais jusque dans ton cœur descendre ta raison,

Et t’informe de lui, quoi que je te demande,

S’il est prêt d’accorder tout ce qu’il appréhende.

Sejanus.

Il est tout prêt, Madame, à remplir vos souhaits.

Livilla.

Encore un coup, prends garde à ce que tu promets,

Ce que je veux sera peut-être ta ruine.

Sejanus.

N’importe, parlez ! c’est ?

Livilla.

C’est la mort d’Agrippine.

Sejanus.

D’Agrippine, Madame, hélas y pensez-vous ?

Livilla.

D’Agrippine, ma sœur, qui conspire avec nous :

Mon mari sous ma haine est tombé pour victime,

Mon cœur après cela ne connaît plus de crime ;

Jeune encor et timide en mon timide sein,

Il osa e pousser à ce noble dessein :

Et toi perfide amant, dont l’amour me diffame.

Sejanus.

Tremperai-je ma main dans le sang d’une femme ?

Livilla.

Je fais, pour m’animer, à ce coup plein d’effroi,

Des efforts bien plus grands que tu n’en fais sur toi ;

J’entends de toutes parts le sexe et la nature,

Qui me font de ce meurtre une horrible peinture :

Mais, femme, je pourrai voir du sang sans horreur,

Et parente, souffrir qu’on égorge ma sœur ?

Je l’ai trop offensée, et la mort qui m’effraie

Est le seul appareil qui peut fermer sa plaie.

On voit fumer encor de ses plus chers parents,

Sur la route d’Enfer les vestiges sanglants ;

Rien qu’un cercueil ne couvre un acte de la sorte,

Et pour elle ou pour moi c’est la fatale porte,

Par qui le sort douteux d’un ou d’autre côté,

Mettra l’un des partis en pleine liberté.

Encor si mon trépas satisfait sa haine :

Mais de ta mort, peut-être, elle fera ma peine,

Puisqu’elle à découvert au gré de son courroux,

A l’éclat de ma flamme un passage à ses coups ;

Donc pour me conserver, conservant ta personne,

Sauve-moi des frayeurs que sa rage me donne.

Sejanus.

Non, non, détrempez-vous de ces vaines frayeurs,

Elle croit l’Empereur cause de ses malheurs,

Agrippine.

Je l’ai persuadée.

Livilla.

Elle feint de le croire ;

Pour un temps sur sa haine elle endort sa mémoire,

Mais crains-je d’autant plus qu’elle craint de s’ouvrir,

C’est pour elle trop de te faire mourir ;

Si par ta mort toi-même assouvissant sa rage,

Tu n’en es l’instrument, et n’en hâtes l’ouvrage ;

Quoi ! je t’ai de mon frère immolé jusqu’au nom !

Su son fameux débris élevé ton renom,

Et chassé, pour complaire à toi seul où j’aspire,

De mon lit et du jour l’héritier de l’Empire !

Je semblais un lion sur le trône enchaîné,

Qui t’en gardait l’abord comme à toi destiné.

J’ai fait à ton amour au péril de la tombe,

Des Héros de ma race un funeste hécatombe,

Et ne préjugeant pas obtenir les souhaits

D’un si grand criminel, que pat de grands forfaits ;

On m’a vu promener encor jeune, encor fille,

Le fer et le poison par toute ma famille,

Et rompre tous les nœuds de mon sang, de ma foi,

Pour n’être plus liée à personne qu’à toi ;

Chaque instant de ma vie est coupable d’un crime,

Paye au moins tant de sang du sang d’une victime,

Je n’en brûle de soif qu’afin de te sauver,

Du bras qu’à ton malheur ce sang fera lever ;

Ose donc, ou permets, quand on joindra notre âme,

Que je sois ton mari, si tu n’es que ma femme.

Sejanus.

Au précipice affreux prêt à nous engloutir,

Agrippine et son rang nous peuvent garantir ;

Prodiguons sa puissance à terrasser Tibère ;

Quand elle aura sans nous détruit nôtre adversaire,

Nous trouverons par elle un trône dans le port,

Et serons en état de songer à sa mort.

Livilla.

Tu m’en donnes paroles, hé bien je suis contente,

L’espoir que j’en airai, flattera mon attente,

A Jupiter vengeur je vais offrir des vœux ;

Si pourtant d’un tel coup j’ose parler aux Dieux :

Car le crime est bien grand de massacrer Tibère.

Tibère ce tyran qui fit mourir ton Père.

Livilla.

Ha ! le traître en mourra, fais, fais moi souvenir,

Quand d’injustes remords viendront m’entretenir,

Afin de s’opposer au meurtre de Tibère,

Que Tibère est celui qui fit mourir mon Père.

Scène V

Sejanus, Terentius.

Terentius.

Immoler Agrippine à l’objet de ton feu,

La victime sera plus noble que le Dieu.

Sejanus.

Que vous connaissez mal le sujet qui m’enflamme.

Quoi ! Livilla n’est point ….

Sejanus.

Non je la haie dans l’âme,

Et quoi qu’elle m’adore, et qu’elle ait à mes vœux

Immolé son époux, son frère et ses neveux,

Je la trouve effroyable, et plus sa main sanglante

Exécute pour moi, plus elle m’épouvante :

Je ne puis à sa flamme apprivoiser mon cœur,

Et jusqu’à ses bienfaits me donnent de l’horreur :

Mais j’aime sa rivale avec une couronne,

Et je brûle du feu que son éclat lui donne ;

De ce bandeau royal les rayons glorieux,

Augmentent la beauté des rayons de ses yeux,

Et si l’âge flétrit l’éclat de son visage,

L’éclat de sa couronne en répare l’outrage.

Enfin pour exprimer tous ses charmes divers,

Sa foi me peut en dot apporter l’Univers.

Quoi que de son époux ma seule jalousie,

Par les mains de Pison ait terminé sa vie,

Elle a toujours pensé que des raison d’Etat

Ont poussé l’Empereur á ce lâche attentat.

Ainsi, Terentius, un royal hyménée

Doit bientôt à son sort unir ma destinée.

Un diadème au front en sera le lien.

Terentius.

Le cœur d’une Amazone était digne du tien.

Sejanus.

Tel jaloux de mon rang tenterait ma ruine,

Qui n’osera choquer un époux d’Agrippine,

Ce nœud m’affermira dans le trône usurpé,

Et son fils qui me hait, dans sa fureur trompé,

Au profond de son âme, arrêtant sa colère,

Craindra de s’attaquer au mari de sa Mère,

Ou forcée de le perdre, avec moins de courroux

Elle en pardonnera le meurtre à son époux.

Mais allons préparer dans la pompe célèbre

Du retour de Tibère une pompe funèbre.

Fin du premier acte.

cf. Cyrano de Bergerac, La Mort d'Agrippine, Tragédie en cinq Actes, chez Charles de Sercy, Paris 1654

© André & Frank Hagemann - Villa-Anemone.fr 2012